Étiquette : la chèvre et le chou

Amandine Dorel et Johanna Autin débutent une semaine de création en immersion pour le spectacle La chèvre et le Chou à la Ferme de l’Amélie à Preaux (07). Karine et Aurélien Mourier les accueillent dans leur ferme du 23 au 28 mai 2016.

Rencontre avec les chevrettes from Le Cri de la Fourmi on Vimeo.

IMMERSION :

temps hors du quotidien
venir sans projection de forme ou de résultat
créer une focale, laisser se créer une focale
laisser sa propre expérience en dehors, la discuter après
activer les perceptions, les naïvetés et l’anodin

EN COMBIEN DE MOUVEMENT se couche une chèvre ?

Être attentif aux mouvements :

des yeux (clignements)
de la langue
de la mâchoire
du nez
bouger la tête mais pas les yeux
pratiquer le mis clos
pratiquer le regard dans la même direction

Si j’étais une chèvre
je n’aurais pas de main
je n’aurais pas la parole

 

GESTES de chèvre à essayer :

se frotter le flan contre les parpaings en avançant le long du mur de la chèvrerie pour se gratter le poil
le long cou qui bouge en suivant ses cornes
la raideur derrière les genoux

Alignement tête tête tête tête dans le foin, tête dans le cornadis, tête entre deux planchettes. Alignement d’oreilles et d’oreilles et d’oreilles. Pousser foin avec la tête, enfouir foin avec la tête. Alignement de face à face, face contre chèvre et regard bonjour, bonsoir qu’est ce que tu fais là toi_? Qu’est ce que tu mange toi_? Moi_? Pas comme toi_! Moi_? Ben, toi_. Alignement et courir pour distribuer le grain, courir une vrai course contre le grain, compter les sauts 1,2,3. Derrière cornadis, passer au milieu, passer de l’autre coté, demander demain si c’est possible de passer de l’autre coté.

Amandine Dorel et Johanna Autin débutent une semaine de création en immersion pour le spectacle La chèvre et le Chou à la Ferme Perret à Chantemerle les blés (26). Louise Abraham et Luc Perret les accueillent dans leur ferme du 6 au 11 juin 2016.

IMMERSION : Fait de se retrouver dans un milieu étranger sans contact direct avec son milieu d’origine. Cf : Larousse

Il y a 8 tuyaux suspendus. Il y a 16 bouches à traire. Il y a la salle de traite vide et des tuyaux qui se balancent.

Il y a 8 serpents à 2 têtes, qui glissent de leur hauteurs pour regarder un peu plus bas ce qui s’y passe.

Il y a une forte aspiration pendue au plafonds. Il y a cette organisation en ligne, au plafond, sur les quais de traite cernés par les mangeoires. Symétrie des portes, des portants.

De cette idée que les objets s’animeraient pendant notre absence. Avec une vie, une activité propre, quand les espaces se vident des êtres vivants. J’assiste avec un petit sentiment de privilège à ce phénomène. Alors ces tuyaux suspendus sont bien des tuyaux, pas des serpents, mais des tuyaux vivants. Ils balancent leur long corps. 8 balancements, 8 rebonds, le rythme est commun mais les mouvements sont pour chacun différents. Troupeaux de tuyaux.

Le moteur démarre, pourtant la salle de traite est vide. Le niveau sonore est élevé et le son de la pulsation est sec, régulier à l’infini, clac clac clac clac clac clac… pas d’espace entre les clacs, pas de respiration. Les griffes sont branchées à la tuyauterie pour le lavage, et les tuyaux tressautent comme s’ils subissaient des petits chocs électriques successifs. L’image donne l’impression d’une salle de réanimation vide, d’une machine d’assistance respiratoire qui aurait perdu son corps à animer…

Le tressautement régulier des tuyaux pourrait durer à l’infini, mais à un moment donné, la pulse ralentit, puis s’éteint. Seul reste le bruit grave et continu du moteur, un bourdon dans le vide immobile et horizontal du ciment gris, et des lignes verticales de tuyauterie métallique.